Les poèmes

« Trois Anneaux pour les rois elfes sous le ciel,
Sept pour les seigneurs nains dans leurs demeures de pierre,
Neuf pour les hommes mortels destinés au trépas,
Un pour le Seigneur des Ténèbres sur son sombre trône,
Au pays de Mordor où s’étendent les ombres.
Un Anneau pour les gouverner tous
Un Anneau pour les trouver
Un Anneau pour les amener tous,
Et dans les ténèbres les lier
Au pays de Mordor où s’étendent les ombres. »

« Le Seigneur des Anneaux » JRR Tolkien
anneau animé
texte inscrit à l’intérieur de l’anneau, qui correspond aux 5 dernières lignes du poème ci-dessus, et son en noir-parler ci-contre.

Ash nazg durbatulûk,
ash nazg gimbatul,
ash nazg thrakatulûk
agh burzum-ishi krimpatul.

Tolkien commence à écrire des poèmes dès 1910. Certains seront publiés, dès 1915, et repris ensuite dans des recueils, au grand dam de l’auteur qui avait entre temps renié sa première vision des Fées et des Elfes (« Goblin Feet »).

Le cursus d’études de Tolkien avait fait de lui un véritable maître du langage. Latin, grec, hébreu, finnois, gallois, norrois… Son travail universitaire l’ayant amené à traduire les grandes sagas nordiques, entre autres, il avait une vision globale considérable des styles d’écriture.

Ceci ajouté à son propre talent et à son incroyable imagination aboutit à une œuvre aux styles d’écriture adaptés aux contenus. Style fluide et léger pour les livres destinés aux enfants (Roverandom, Monsieur Merveille, Lettres au Père Noël, le Hobbit… ), plus dense, épique pour le Seigneur des Anneaux, ancien pour les Contes et Légendes inachevés… et dans toute l’œuvre, dès que le cours de l’histoire le justifie, il incorpore des poèmes, des chansons…

L’idéal est bien sûr de les lire dans la langue d’origine, pour savourer le rythme, les rimes, la mélodie des mots… C’est une part importante de l’œuvre de Tolkien, à laquelle les admirateurs ne manqueront pas de s’attacher.

Tolkien joue souvent avec les sonorités, s’amusant à faire rimer des mots aux prononciations proches, mais à l’orthographe différente.

Les aventures de Tom Bombadil

Tom Bombadil couverture de Pauline Baynes
Couverture de Pauline Baynes

Une des rares œuvres publiées de son vivant, « Les aventures de Tom Bombadil » est un recueil de seize poèmes, dont deux seulement concernent vraiment Tom Bombadil, personnage fugace mais important du « Seigneur des Anneaux ». Il sauve en effet les quatre Hobbits d’un danger mortel au début de leur périple.
Comme il le fera pour « Le Hobbit » et « Le Seigneur des Anneaux », Tolkien se présente comme simple éditeur de ces poèmes, découverts dans les marges du « Livre Rouge », recueil de souvenirs de Bilbo et Frodon.
La première édition fut illustrée par Pauline Baynes.

« Old Tom Bombadil was a merry fellow;
bright blue his jacket was and his boots were yellow,
green were his girdle and his breeches all of leather;
he wore in his tall hat a swan-wing feather. »

« Le vieux Tom Bombadil était un joyeux bonhomme ;
Il portait une veste bleu vif et des bottes jaunes,
Ceinture verte, culottes de peau
Et plume de cygne à son grand chapeau

Première traduction française par Dashiell Hedayat en 1975, nouvelle traduction de Marguerite Mouton en 2021.

Once upon a time

Il s’agit d’un troisième poème concernant Tom Bombadil, non intégré au précédent recueil. Publié en 1965 dans Winter’s Tales for Children 1.
Il serait intégré à l’édition de « The Adventures of Tom Bombadil » de 2014 supervisée par Wayne Hammond et Christina Scull, illustré par Pauline Baynes, mais semble ne toujours pas être traduit en français.
Vous pouvez le découvrir ici.

The road goes ever on : a song cycle

Publié en 1967, en collaboration avec le compositeur Donald Swann, il s’agit d’un recueil de chansons.
Plus d’explications sur cette page.

The lai of Aotrou and Itrun

The lay of Aotrou and Itroun
édition 2016

Le Lai d’Aotrou et Itroun (en anglais : The Lay of Aotrou and Itroun) est un poème paru en 1945.
Construit sur le modèle des lais bretons médiévaux, il raconte l’histoire d’un seigneur qui fait appel à une sorcière pour que son épouse puisse enfanter, mais refuse ensuite de lui accorder la récompense qu’elle réclame.

Les lais de Beleriand

Les lais de Beleriand
Les lais de Beleriand

Publié par Christopher Tolkien en 1985, The Lays of Beleriand constitue le troisième tome de HOME (History Of Middle-Earth) : l’Histoire de la Terre du Milieu.

Il parait traduit en français par Elen Riot pour les poèmes, et Daniel Lauzon pour les commentaires et notes, sous la direction de Vincent Ferré, en 2006. Cette édition est enrichie du texte original anglais du Lai de Leithian et d’un index.

Il comprend deux longs Lais composés par J. R. R. Tolkien, soit Les Enfants de Húrin (1920-1925), en vers allitératifs, relatant l’histoire de Túrin Turambar, et le Lai de Leithian (1925-1931 puis 1949-1950), en tétramètres iambiques (transcrits par des octosyllabes dans la traduction française) rimés, relatant l’histoire de Beren et Lúthien, ainsi que d’autres poèmes plus courts.

Poème « Cat »

(inclus dans le recueil « Les aventures de Tom Bombadil)

poème The Cat

The fat cat on the mat
   may seem to dream
of nice mice that suffice
   for him, or cream;
but he free, maybe,
   walks in thought
unbowed, proud, where loud
   roared and fought
his kin, lean and slim,
   or deep in den
in the East feasted on beasts
   and tender men.

The giant lion with iron
   claw in paw,
and huge ruthless tooth
   in gory jaw;
the pard dark-starred,
   fleet upon feet,
that oft soft from aloft
   leaps on his meat
where woods loom in gloom-
   far now they be,
   fierce and free,
   and tamed is he;
but fat cat on the mat
   kept as a pet,
   he does not forget.

Le gros chat sur la natte
peut sembler rêver
de jolies souris qui lui suffisent,
ou de crème ;
mais, libre, peut-être,
il marche en pensée
sans jamais s’incliner, fier, là où bruyamment
hurlaient et combattaient
ceux de son espèce, maigres et minces,
ou bien, profondement dans leur repaire
dans l’Est, festoyaient de bêtes sauvages
et de tendres hommes.

Le lion géant à la
griffe d’or à la patte
et à la grande mâchoire sans pitié
dans sa bouche sanglante ;
le léopard sombrement constellé,
léger sur ses pattes,
qui souvent doucement de haut
saute sur sa viande
là où les bois s’estompent dans les ténèbres –
aussi loin soient-ils,
fiers et libres,
aussi apprivoisés soit-il ;
mais le gros chat sur sa natte
gardé comme animal de compagnie,
il n’oublie pas.

trad. S. Veiryé (Tolkiendil)