Les jeux vidéo d’Eowyn

Nostalgie…

Dimanche 1er juin 2014, vers 14h.

Je me prépare un café, à base de dosette souple chocolat-vanille.     

L’arôme qui s’échappe de la boîte en fer qui contient les dosettes me renvoie 20 ans en arrière, nous verrons pourquoi plus bas. Je sors donc m’installer sur une chaise longue, les jambes au soleil, pour me rappeler de merveilleux voyages…

Nous dirons 1993, à peu près… Nous avons à la maison un seul ordinateur, PC, sous Dos / Windows 3.1, très gros, dont la présence se justifie par le travail de mon homme, alors informaticien-programmeur.

Pour situer le niveau informatique de l’époque, lorsque j’ai pris mon poste de responsable d’accueil France Télécom, cette année-là, j’ai demandé un ordinateur. Mon Directeur m’a répondu : « Pour quoi faire ? » Et oui…

Aujourd’hui, et bien que retraitée, j’ai à la maison un PC fixe, un portable, un ultra-portable pour les déplacements, une tablette et un smartphone, bien sûr, et aussi pour les jeux une Playstation 3. (J’ai revendu l’hiver 2021 ma Playstation One et ma Nintendo 3DSi XL…) Mais bon, nous l’avons vu ailleurs, je suis geek.

Or donc, en 1992-93, mon homme s’achète un nouveau PC pour son boulot, avec une bonne carte graphique, pour l’époque, et un lecteur de CD, great ! Je suis alors passionnée par les romans d’héroïc-fantasy, les jeux de rôle Donjons et Dragons, et surtout Le Seigneur des Anneaux, largement en tête ! Et je lis des revues parlant de ces univers, ainsi que des revues d’informatique (Jeux et Stratégies, Casus Belli, Sciences et Vie Micro…)

Un phénomène monte en puissance : les jeux vidéo. Fini le ping-pong, ou Tétris, ou les jeux de rôle se résumant à de longues saisies de code pour obtenir un mouvement de tête du dragon… Les magiciens de la programmation ludique ont découvert de nouvelles techniques de définition des textures, et d’animation. Les jeux vidéo deviennent « immersifs », on verra ô combien…

A cette époque, le PC est installé au rez-de-chaussée de notre maison, dans la petite pièce voûtée à laquelle on accède par la salle à manger et que nous appelons la cave. Cette pièce n’est pas encore devenue le joli bureau qu’elle sera plus tard. Les murs de pierre dégagent beaucoup de poussière, et le sol en béton est parfois recouvert de 20 cm d’eau en cas d’orage. (Bon, une seule fois, d’accord, mais quand même…)

Au milieu, une grande table de salle à manger, sur laquelle trônent un écran à tube de 14 pouces, un clavier filaire, une imprimante crachouillante et plus tard, une souris filaire. (Et encore plus tard, un modem, Monsieur faisant de la programmation réseau et transmissions, mais cela est une autre histoire.)

Et à côté, l’unité centrale, beige, 80 cm de haut, avec ses lecteurs de disquettes 5 pouces 1/4, et 3 pouces 1/2, et de CD Rom. (Ne ricanez pas, génération du port USB et du Cloud, nous avons connu les cartes perforées et les disquettes 8 pouces, et les sauvegardes sur cassettes, nous ! Ce qui nous amène à apprécier vivement le port USB et le Cloud, d’ailleurs…)

Et partout, une pagaille de fils électriques, cordons, nappes, raccords divers, switch, rallonges… bref, un sac de nœuds peu motivant pour le ménage…

Premiers émois…

Nous parlions beaucoup d’informatique à la maison, il faut le dire, car mon homme et moi en étions passionnés, chacun à notre façon. Il me parlait du C++ et du Basic, je lui parlais de ces jeux vidéo qui arrivaient… Le jour de ma fête, donc début 1994, il m’offre 2 boîtes de jeux vidéo. Rappelez-vous, pour 2 disquettes et un livret d’explication, vous aviez droit à un coffret en carton de 25X20X4cm, peu écologique, certes, et désastreux en cas de déménagement, si vous en avez une trentaine, mais présentant sur le couvercle une merveilleuse illustration, porteuse de rêve quant au contenu…


Ce jour-là : Ishar, de Silmarils et Magic Carpet, de Electronic Arts. Je me jette aussitôt sur Ishar, car le nom de l’éditeur (Silmarils) et le dessin de couverture me font penser à l’univers de Tolkien, mon maître. Le jeu est sur disquettes. Monsieur m’aide à l’installer (et oui, c’était compliqué, à l’époque du MS Dos…), et je découvre un jeu case par case, avec des images fixes, une bande son minimaliste, mais pas mal quand même pour une première approche.

J’y passe quelques heures, puis installe Magic Carpet : une aventure dans laquelle, bien sur, le héros se déplace sur un tapis volant. Catastrophe ! Les mouvements de caméra lorsque le tapis volant se déplace me collent une épouvantable nausée ! (Ce problème perdure, et me prive de nombreux jeux, en particulier sur console.)

Le lendemain, Monsieur a ramené le jeu au magasin, et l’a échangé contre « Little Big Adventure » (LBA), de Electronic Arts toujours. Nous l’installons, et je suis un peu sur la défensive…

Little Big Adventure
Little Big Adventure

Le jeu démarre. Superbe intro pour entrer dans l’histoire. Le héros, un petit personnage qui vit sur une planète lointaine, fait des rêves étranges, ce qui le rend éminemment suspect auprès des autorités dictatoriales qui gouvernent son monde.

Puis commence le jeu proprement dit. Le héros est enfermé dans un asile, dans une cellule futuriste, dont il faut le faire échapper, en jouant avec le clavier (la souris n’est pas encore venue illuminer nos vies).

Little Big Adventure début
Little Big Adventure début

« Détenu Twinsen, cessez de vous agiter ! » clame la voix nasillarde d’un geôlier.

Après quelques tentatives énervantes, j’arrive à faire monter Twinsen sur la plate-forme avec laquelle un gardien lui apporte son repas, gardien qui bien sûr se prend une grosse tête dans l’histoire, et Twinsen s’évade… Et moi aussi… Je vais passer de longues journées avec lui, et surtout de longues nuits, lorsque mon homme cesse enfin de travailler sur le PC, et me le laisse pour jouer…

LBA Temple de Bu
LBA Temple de Bû

Au milieu de l’aventure, Twinsen, arrivé au désert de la Feuille Blanche, saute dans un puits, et se retrouve dans un univers souterrain peuplé de squelettes : le temple de Bû. C’est la partie la plus difficile du jeu. On ne peut plus faire machine arrière, les sauvegardes, automatiques, sont rarissimes, et les obstacles à franchir redoutables… L’environnement est cauchemardesque, glauque, la musique et les bruitages très angoissants… Bref, un mauvais moment, quoi…
Je me retrouve là au début d’un long week-end (Pâques peut être ?) Euh… Je veux dire : Twinsen se retrouve là… à 2h du matin, je vais me coucher, et me tourne et retourne dans le lit… Comment franchir le couloir dans lequel roulent à intervalles réguliers des troncs couverts de pointes, tout en évitant les boules de feu ? Je redescends, rallume l’ordi, et recommence…
Cela durera environ 50 heures, pratiquement sans dormir, mais Twinsen remontera à l’air libre et au soleil… Vite, une sauvegarde ! Ouf ! Et vite, vite, que se passe-t-il après ?

café Whittard of Chelsea

Je trouvais, à cette époque, du café moulu aromatisé au chocolat, à la vanille, ou à l’Irish Coffee, de la marque Whittard. Je l’achetais dans une boutique, à Paris. Et j’en consommais beaucoup pendant mes aventures avec Twinsen. D’où la nostalgie éveillée par mes dosettes aromatisées tout à l’heure, sorte de madeleine de Proust définitivement attachée à l’univers des jeux !

Little Big Adventure II
Little Big Adventure II

Lorsque je termine LBA, je sens un grand vide, et je vais bien sur acheter d’autres jeux, mais nous verrons plus tard.

LBA reste ma première grande aventure vidéo. Il y aura une suite, LBA 2, très chouette aussi, mais le premier garde un goût incomparable… L’univers de LBA est unique, mélange d’environnements futuristes froids et angoissants et de paysages bucoliques (les fleurs couinent lorsque un personnage marche dessus…)
Dégâts collatéraux : dorénavant et pour l’éternité, j’appelle les lapins des lapichons, et je déteste les temples souterrains gardés par des squelettes.

Passion !

Mes voyages dans les mondes virtuels se poursuivront pendant quelques années. Les destinations les plus remarquables ? « Lands of Lore », « Dungeon Master », « Dragon Lore », « Might and Magic VI », « The Elder Scrolls : Arena, puis Daggerfall », « Baldur’s Gate », la trilogie des Kyrandia…



Je suis évidemment attirée par les jeux en ambiance médiéval-fantastique, mais je me suis éclatée avec « Alone in the Dark »,  » The 7th Guest », « The 11th Hour », « Lost Eden » et la série des « Myst ».



De 1994 à 1997, je consacrerai beaucoup de temps aux jeux, m’abonnant à des revues spécialisées (« PC Player », « Joystick »), échangeant ou revendant les jeux (sauf mes préférés, listés ci-dessus), discutant avec d’autres passionnés (Bonjour Roland, de Lapierre…), cherchant les soluces sur minitel (et oui, pas encore d’internet…) et les imprimant sur de longues bandes de papier de 10cm de large, qu’il fallait ensuite photocopier car elles s’effaçaient, achetant les romans dérivés (« Myst »)…

Myst les livres
Myst les livres

Pour les jeux à longue durée de vie, je me confectionnais des carnets, en assemblant des fiches cartonnées, dans lesquels je décrivais les caractéristiques de mon personnage, dessinais les cartes des territoires parcourus, et collais les solutions. Je regarde parfois avec nostalgie celui de « Arena » et celui de « Lands of Lore ».

Nous conserverons longtemps un PC sous DOS, à la maison, simplement pour que je puisse faire et refaire encore les premiers jeux. Nous finirons par nous en séparer, et pendant longtemps, je repenserai avec nostalgie à la planète Twinsun, jusqu’à ce que le compagnon d’une de mes nièces (Merci, Jérémie !) m’informe de l’existence du jeu LBA en format Playstation, que je me suis bien sûr procuré illico !

Et enfin, miracle ! On trouve dorénavant tous les anciens jeux en émulation DOS, en téléchargement gratuit sur les sites dits « abandonware », et on peut donc s’immerger à nouveau sur les machines récentes, quel que soit le système d’exploitation.

J’ai pu ainsi recommencer « Lands of Lore », qui m’avait laissé une incroyable nostalgie, comme si j’avais visité un pays dans lequel il me serait interdit de retourner, ou qui n’existerait plus. J’en refais un petit bout de temps en temps, et j’ai ressorti de la boîte le carnet qui me guide dans les labyrinthes… J’ai en particulier le souvenir d’une zone dans laquelle il faut traverser de nuit une sorte de grande place, avec des pièges, et des plaques qui tournent lorsqu’on passe dessus, faisant perdre tout sens de l’orientation… C’est vers la fin… Je ne sais pas si j’y retournerai, finalement…

Et j’ai refait LBA, bien sûr… Et maintenant, je l’ai sur ma tablette et sur mon smartphone…

Mais les temps ont changé, et moi aussi.

En 1996, internet est arrivé dans notre maison, nous en parlerons dans un autre chapitre.

En 1997, nous avons enfin créé un vrai bureau au 1er étage de notre maison, et le PC de Monsieur s’y est installé.

En 1998, à force de lui changer des éléments, il n’avait plus grand chose à voir avec le PC de 1993, et enfin ! J’ai eu aussi le mien, une belle tour noire de 50cm de haut, avec des ports USB, et nos écrans à tube sont devenus plats, puis plus grands. Puis sont venus les claviers et souris sans fils, webcams, disques durs externes, lecteurs / graveurs de DVD, puis le Cloud et les NAS…

En 2001, Peter Jackson nous offre la trilogie du Seigneur des Anneaux au cinéma, le monde entier découvre un univers auparavant réservé à un groupe certes nombreux, mais dit marginal.

C’est une explosion de produits dérivés, de romans, de jeux, de films, de séries TV… Les effets spéciaux utilisés dans les films sont utilisés aussi pour les jeux, qui deviennent de plus en plus réalistes.

Je me lance dans la réalisation de mon site internet, pour parler du monde de Tolkien, et plus tard des archives familiales.

Internet permet de jouer non plus contre (ou avec…) la machine, mais en réseau, contre d’autres joueurs : voir l’engouement pour « World of Warcraft » (« WOW »).


Et étrangement, je ne marche pas… J’ai fait des tentatives de jeu en réseau (« Lord Of The Rings On line (« LOTRO ») », bien sûr…, et « WOW »).

Drakkhen
Drakkhen

Les graphismes et les animations sont à des millénaires de « Ishar » (et je n’ai pas parlé de « Drakkhen », 1989, auquel je n’ai pas beaucoup joué, bien que Wikipédia nous apprenne que : « Drakkhen s’est vu regrouper un culte saluant ses innovations graphiques et sonores, son gameplay original, sa bande son hypnotique mais surtout l’incroyable atmosphère qu’il met en place. Il reste aujourd’hui assez peu connu, mais considéré comme un classique du jeu de rôle sur ordinateur, voire du jeu de rôle tout court.), mais en fait, je n’éprouve pas le besoin d’être confrontée à d’autres joueurs.

The Elder Scrolls V Skyrim
The Elder Scrolls V Skyrim

Mes boîtes de jeux sont alignées dans une bibliothèque. Parfois, je les ouvre, et regarde les disquettes, ou les CDRom, les livrets, les cartes quand il y en a. Je n’y jouerai peut être plus jamais, mais je les aime. Grâce aux fans qui gèrent les sites « abandonware », je sais que je peux toujours retourner dans un de ces univers si l’envie m’en prend.

Il y a quelques années, en surfant sur internet, je suis tombée sur des clips de Lindsey Stirling jouant la musique du « Seigneur des Anneaux », de « Zelda », et surtout de « Skyrim ». J’avais alors téléchargé le morceau, et la sonnerie pour mon Iphone. Et puis j’ai acheté le jeu. Il est vraiment magnifique. Appartenant à la série des « Elder Scrolls », « Skyrim » est la suite de « Arena » et « Daggerfall » (et de « Morrowind » et « Oblivion », que ne n’ai jamais eus).

« Dovahkiin, Dovahkiin, naal ok zin los vahrin,
Wah dein Vokul mafaeraak ahst vall !
Ahrk fin norok paal graan fod nust hon zindro zaan,
Dovahkiin, fah hin kogaan mu draal ! »

« L’Enfant de Dragon, l’Enfant de Dragon, sur son honneur a juré,
De tenir le mal éloigné !
Les plus féroces ennemis mis en déroute par son cri,
Enfant de Dragon, pour ta bénédiction nous venons prier ! »

Tetrobot and Co.
Tetrobot and Co.

Je tiens à ajouter une mention spéciale pour Tetrobot and Co., un jeu vidéo de puzzle développé par le studio indépendant français Swing Swing Submarine, sorti en octobre 2013 sur Linux, Mac OS et Windows, en octobre 2014 sur Wii U, et en avril 2015 sur iOS et Android, une petite merveille que je refais régulièrement.

Je joue un peu moins à présent, mais je sais que la porte de ces mondes est ouverte… je n’ai qu’à la franchir !

Et après ?

Lorsque on pense à un ancien jeu, mais que la nostalgie est paresseuse, on peut se lover dans un bon fauteuil, allumer la télé, aller sur YouTube, et visionner le déroulé intégral de certains jeux que de vaillants afficionados ont réalisé pour nous.
J’adore ! J’ai pu ainsi découvrir dans certains jeux des quêtes annexes que j’avais laissé passer, où qui n’étaient pas disponibles selon la plateforme sur laquelle j’avais joué à l’époque : PC, console…
C’est amusant aussi de voir la stratégie de progression développée par une autre personne sur le même programme.

Je rajoute ci-dessous les autres éléments de ma collection. Il y a des jeux PC, PS One, PS3, Nintendo DS.
Les premiers de la liste sont issus de coffrets, qui regroupent des jeux des divers univers de Donjons et Dragons : Al-Qadim, Dark Sun, Ravenloft, Les Royaumes Oubliés, Dragonlance…
J’ai beaucoup aimé, avant l’avènement du jeu vidéo, le jeu de rôle Donjons et Dragons, et les romans associés à cette licence, en particulier les univers « Les Royaumes Oubliés » et « Dragonlance ».

Ma bibliothèque Donjons et Dragons
Ma bibliothèque Donjons et Dragons


J’avoue ne pas avoir même installé certains de ces jeux, mais ils signent une époque, ce qui m’incite à les conserver.

Certains m’ont procuré de longues heures de plaisir, comme « Anvil of Dawn », petit CD que j’ai eu en cadeau dans une revue sur les jeux.

Bien que fan absolue de Tolkien, je ne suis jamais arrivée à rentrer dans les jeux liés à son univers, mais je les conserve aussi parce que tout ce qui touche à Tolkien correspond à une autre collection.

J’ai aussi passé de bons moments avec le Professeur Layton sur ma Nintendo DS, mais n’ai jamais fini le dernier que j’ai acheté, lassée du bla-bla interminable intercalé entre les énigmes.

Chacune de ces images mène à un monde, à une aventure, quelque part, ça donne le frisson…

article actualisé le 28 septembre 2022